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Alternatives: EXPRESSION

Tu trouveras dans cette section des ressources et des témoignages en lien avec l’expression créative. 

Un crayon, des pinceaux, de la couleur, un stylo, un cahier ou des feuilles, peu importe l’outil, c’est sûr, c’est un ami. Quand  la parole reste secrète, nous pouvons quand même l’exprimer. Pour certain.e.s  l’écriture est un refuge indispensable, pour d’autres, c’est  le dessin qui apaise ou encore le barbouillage qui défoule. Quand le cœur vacille, donnons-lui de l’espace pour s’exprimer dans différentes formes de créations. De plus en plus, l’expression créative est reconnue pour ses bénéfices pour l’esprit, avec en prime l’avantage d’être accessible : il suffit parfois d’un papier et d’un crayon pour exprimer  ses émotions. Que l’on pense à l’écriture, au dessin, aux collages, il s’agit là de moyens de prendre soin de soi tout en créant des œuvres à partager avec les autres, ou simplement à garder pour son propre musée intime. 

AU SUJET DE L'ÉCRITURE

Le journal créatif, pourquoi et comment faire

Pourquoi l'écriture intime fait-elle du bien ?

Ecrire sur soi, écrire pour soi

LIVRES  

Fèms magnifiques et dangereuses: mémoires affabulées d’une fille trans Kai Cheng Thom

Asylum Squad Side Story: The Psychosis Diaries. Saraƒin

‘Dirty River: A Queer Femme of Color Dreaming Her Way Home’ par Leah Lakshmi Piepzna-Samarasinha

Telegram: A Collection of 27 IssuesMaranda Elizabeth

ORGANISMES COMMUNAUTAIRES

EN LIEN AVEC L'ART

Les Ruches d'art

Une Ruche d’Art est un atelier d’art communautaire qui accueille tout le monde en tant qu’artiste. Qu’il s’agisse d’une mini-ruche éphémère dans une bibliothèque de quartier ou d’un atelier ou galerie d’art communautaire, les Ruches d’Art ont à cœur l’inclusion, le respect et l’apprentissage. C’est un lieu accueillant pour dialoguer, créer et construire une communauté.

Trouve une Ruche d'art proche de chez toi!

Les Impatients

Centre d'apprentissage parallèle

 

DOCUMENTAIRE APPARAÎTRE

Des usagers de ressources alternatives en santé mentale communautaire 
expriment leur relation à l'art et à la vie. L'expérience intime de l'art, de l'atelier,
 de la fréquentation des artistes et de se considérer artiste change leur vie.
 Échanges entre artistes professionnels et artistes de différentes ressources à 
travers le Québec sur les relations entre art et folie. Un dispositif de dessins
participatif voyage à travers les expériences relatées. CONSULTE LE DOCUMENTAIRE ICI

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Je m’art-thérapise à chaque jour

par Nicolas Aubé Lanctôt

Je m’art-thérapise à chaque jour.

Il est vital pour moi de m’art-thérapeutiser car ça m’a sauvé la vie.

 

Aujourd'hui c'est mon dixième anniversaire de sobriété. Ça fait 10 ans que j'ai changé ma vie de A à Z. De plus, en novembre 2019, ça va faire 10 ans que j'ai arrêté de fumer la cigarette compulsivement comme Gainsbourg.

 

En dix ans de sobriété, j’ai eu 8 années qui ont été belles et 2 années qui ont été très difficiles. Heureusement, ce n’est pas parce que j’avais envie de consommer. Depuis que je m’art-thérapeutise, je peux compter sur les doigts de la main le nombre de fois où j’ai pensé à la conso. À chaque fois, ça ne durait pas longtemps car ma voix intérieure me rappelait que ce genre de pensées disparaissent assez vite.

 

Pour le rappel de ce coming-out, je vais parler de ces 10 ans durant lesquelles je me suis m’art-thérapeutisé. Je vais aussi vous raconter le chemin que j’ai parcouru pour vaincre ma toxicomanie et améliorer ma santé mentale. Je ne peux montrer que la pointe de l’iceberg car il faudrait que j’écrive un livre pour parler de tout le travail effectué pour me refaire des fondations solides afin de rebâtir ma vie.

 

L’Art m’a sauvé la vie.

 

À force de m’art-thérapeutiser, je me suis créé une colonne vertébrale pour vaincre 15 années de dépendance aux drogues et à l'alcool. Durant 6 ans, l’Art m’a redonné la volonté que j’avais perdue à cause de ma toxicomanie. La création m’a aidé à mieux vivre avec mon problème de santé mentale. Même si certains préjugés ont la vie dure, je n’ai pas laissé les gens me dépouiller du peu de dignité qu’il me restait. Aujourd’hui je sais que si je n’avais pas eu l’art-thérapie, je n’aurais pas réussi à vaincre ma toxicomanie. Pour moi, l’art-thérapie a été comme si un docteur m’avait donné un fauteuil roulant après un accident afin de m’aider pour la période durant laquelle j’avais les 2 jambes dans le plâtre. Sans ce fauteuil roulant, je serais encore semblable à un une personne paralysée des jambes qui ne peut plus jamais marcher.

 

La toxicomanie, ça finit par désorganiser une vie à tous les niveaux et maintenant je comprends mieux la «Lettre du Voyant» d’Arthur Rimbault.

«Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant — Car il arrive à l’inconnu !

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Le dérèglement de tous les sens, à travers les drogues et l’abus, peut être dangereux car il y en a beaucoup qui y ont laissé leur peau ou qui ont hypothéqué leur santé physique et mentale. Je fais partie de ces gens mais, heureusement, j’ai eu de l’aide au bon moment. La vie a mis sur mon chemin du bon monde : des gens dévoués à aider les toxicomanes. Aujourd’hui, je me sens chanceux d’avoir eu des travailleurs de rues, travailleurs sociaux, thérapeutes, psychologues et une famille qui a toujours été là pour moi : tous des gens qui ont le coeur sur la main.

S’art-thérapeutiser, c’est réorganiser sa vie pour lui donner un sens et une hygiène mentale qu’on a perdus à cause de cette longue désorganisation des sens qu’est la toxicomanie. Pour moi, s’art-thérapeutiser, c’est un besoin vital comme manger, boire et respirer. Ça m’aide et me guide à acquérir de la sagesse et à devenir résilient.

Je m'arthérapise

J’ai beaucoup aimé le texte qu’a fait David Goudreault intitulé : «Dix ans d'un jour à la fois ». C’est vrai que reconstruire sa vie, ça se fait un jour à la fois car la toxicomanie se finit souvent par de l’autodestruction. Y’en a qui vont aux AA ou aux NA et ça les aide beaucoup.  Moi, j’ai essayé 2 fois lors de ma première année de sobriété.  Je sentais que, malgré tout ce que ça m’apportait, ça allait être quelque chose d’autre qui m’aiderait à rester sobre.

 

Je m’art-thérapeutise pour ne pas oublier où peut mener l’abus: j’ai vécu une overdose. Un traumatisme si intense que j’ai passé à deux doigts de mourir. Ce fut un choc post-traumatique qui m'a marqué au fer rouge. 10 ans plus tard, après ma thérapie avec un psychologue en toxicomanie, j’ai décidé d’en faire une autre pour m’aider à mieux vivre avec cette anxiété.  Avant cette thérapie, chaque fois que je faisais une crise de panique, j’avais tellement peur de mourir car ça évoquait les symptômes que j’ai eus lors de mon overdose de 2003. J'ai conservé cette crainte de mourir et je me suis longtemps laissé paralyser par ce mal invisible.

 

C’est durant cette période que je me suis lancé dans l’art-thérapie, la méditation, l’exercice physique et tout ce qu’il faut faire pour retrouver l’équilibre. Depuis mes thérapies, je me laisse moins paralysé par l’anxiété. Je sais que les crises de panique donne cette sensation où l’on croit que l’on va mourir et ça fait cet effet chez la majorité des gens En faisant des thérapies et des désintoxes, j’ai vu autour de moi toutes sortes de gens à qui ça leur a pris presqu’une vie entière pour se rebâtir. Quand tes problèmes ont commencé très jeune, avec le temps, ils grossissent et prennent de nouvelles proportions qui multiplient les problèmes. Aujourd’hui, je peux dire ce que me disait des intervenants : OUI, la drogue est un fléau. Par contre, je suis pour la légalisation des drogues douces pour un meilleur contrôle par des instances médicales et de santé publique.

 

Je sais que j’ai des cicatrices qui ne partiront jamais mais aujourd’hui je comprends mieux la prière que font les gens qui vont au NA ou au AA .

 

Prière de sérénité

Mon dieu donnez-moi la SÉRÉNITÉ d'accepter les choses que je ne peux changer,

le COURAGE de changer les choses que je peux changer et la SAGESSE d'en connaître la différence.

De vivre un jour à la fois, d'accepter les épreuves comme le chemin vers la paix, d'accepter comme IL l'a fait ce monde comme il est, non pas comme je voudrais qu'il soit.

De croire qu'il va prendre soin de tout si je capitule et si je m'en remets à Sa volonté, que je peux être raisonnablement heureux dans cette vie et suprêmement heureux avec Lui, pour toujours dans le futur.

 

Depuis que j’ai vécu ma deuxième dépression majeure, je récite souvent l’extrait que j’aime le plus: Mon dieu donnez-moi la SÉRÉNITÉ  d'accepter les choses que je ne peux changer. Cela m’interpelle beaucoup car lorsqu’on arrête de consommer et qu’on dégèle, on réalise que notre problème de conso a fait souffrir nos proches. Je m’art-thérapeutise pour que cela n’arrive plus jamais car mes vrais amis et ma famille m'ont vu dépérir pendant longtemps. Au fil du temps, ils m’ont vu changer et devenir quelqu’un d’autre quand je consommais. J’ai été chanceux car ma famille a fait de quoi avant qu’il ne soit trop tard et cela a fait en sorte que j’ai fait ma première désintoxication. Merci à eux d’avoir fait une réunion au sommet avec les intervenants qui m’ont aidé. Sans ce que ma famille a fait, je ne serais peut-être pas vivant aujourd’hui. Je m’art- thérapeutise pour moi en premier mais aussi pour eux car je ne veux plus jamais retourner au fond de cet abîme déshumanisant.

 

Quand j’ai commencé à avoir de sérieux problèmes d’anxiété dans les endroits publics, c’était lors de mes 4 dernières années où je consommais. J’ai pensé longtemps que je faisais de l'agoraphobie. Souvent à cette époque, juste le fait d’aller faire mon épicerie ou sortir de chez moi, était une montagne qui me semblait insurmontable car je me laissais paralysé par celle-ci. Heureusement, grâce à la thérapie pour l’anxiété de l'Autre Rive, j’ai réalisé que je ne faisais pas d’agoraphobie. Au début de ma thérapie, il fallait que je recommence à m’exposer graduellement dans des situations qui étaient très anxiogènes car, pour moi, presque toutes les situations me faisaient vivre de l’anxiété. Avant que je ne fasse ma thérapie, j’avais la chienne de faire un ACV. C’était pire lors des 4 dernières années où je consommais car j’étais encore plus hypocondriaque. À chaque fois que j’avais un problème de santé, je m’imaginais le pire et j’allais consulter souvent. Heureusement, avec le temps, certains hypocondriaques se domptent et apprennent à arrêter de s’imaginer le pire. C’est ce qui m’est arrivé. C’était dur de rester dans les salles d’attente pour voir un médecin car, pour un anxieux, ça semble encore plus long que l’éternité.

 

Durant mes années de consommation, j’allais consulter pour des maladies imaginaires que je croyais avoir et je buvais en cachette à l’hôpital pour que ça m’aide à diminuer mes symptômes d’anxiété. Je faisais ça dans plusieurs autres situations : au cinéma ou tout endroit où il avait beaucoup de monde. Je buvais pour réduire mon anxiété. Je me suis longtemps auto-médicamenté et prenais beaucoup trop de pilules.

Je me compte chanceux de ne pas avoir fait une cirrhose. J’ai revu en 2015 une travailleuse sociale qui m’a dit que, lors des dernières années où je consommais, j’avais les yeux jaunes car mon foie était intoxiqué. Aujourd’hui, je me rends compte que j’ai une santé de fer car je n’ai pas ménagé mon corps durant cette déchéance.

 

Je m’art-thérapeutise pour témoigner et partager ce vécu à quiconque lira ce témoignage. Le premier conseil que je vous donne: IL NE FAUT PAS S’ISOLER QUAND ON FAIT DE L’ANXIÉTÉ. Malheureusement, c’est ce que j’ai fait lors des 4 dernières années durant lesquelles je consommais. Je vous conseille de faire une thérapie de groupe et une individuelle. Si c’était à refaire, je choisirais la thérapie de groupe en premier car c’est très stimulant de voir des gens qui ont le même problème que nous : on se sent moins jugé. Quand un problème fait en sorte qu’on s’isole, ça fait en sorte que nos problèmes finissent par empirer et prendre de l’ampleur. N’oubliez pas que vous n’êtes pas du tout SEUL car, pour chaque problème, il existe des ressources.

 

Je m’art-thérapeutise pour faire la paix avec un grand amour qui m’a fait perdre la raison. À l’avenir je ne ferais pas la même gaffe de m’isoler. J’ai aimé une fille qui se Nomme Sarah et je les à la folie et ma voix intérieure me disait que j’aurais dû couper les ponts avec elle quand elle m’a laissé à l’hôpital lors d’une désintoxication aux drogues. L’amour est parfois vraiment aveugle. J’ai malheureusement gardé contact avec elle de 2005 à 2016. En 2005, j’avais arrêté d’aller voir mes amis de consommation. Elle a commencé à se tenir avec tous mes amis et elle a couché avec plusieurs d’entre eux. Durant 4 ans, j’ai coupé les ponts avec la majorité de mes fréquentations car je ne voulais pas prendre la chance de la voir.  À chaque fois que je la voyais, je sombrais dans de graves moments de dépression et ça me donnait beaucoup d’idées suicidaires. En m’isolant, j’ai commencé à boire encore plus et tous mes problèmes se sont multipliés de façon exponentielle.  Mes problèmes d’anxiété ont augmenté et sont devenus de plus en plus graves.  Lors des dernières années où j’ai le plus consommé, mon anxiété a commencé à me créer des obstacles qui me paralysaient. Je me suis mis à avoir constamment peur de faire de graves crises de panique. La peur d'avoir peur pour moi, c’était la peur de mourir. Ça prenait tout mon espace vital et j'ai fini par me soustraire à ma propre vie et je me suis emmuré dans une isolation extrême. Je me fermais à plein de possibilités que j'aurais pu vivre.


 

Des gens qui ont changé ma vie ( L’ESPOIR)

 

Entre mes trois désintoxes, j’ai vécu  plusieurs dépressions majeures et j’ai dû être hospitalisé. Lors de l’une de ces dépressions, j’ai eu la chance de faire de la musicothérapie et l’intervenante a vu mon talent. Elle m’a donc proposé de faire des ateliers de musicothérapie pendant presque 2 ans et c’est grâce à elle que j’ai repris conscience du pouvoir que les arts ont comme impact pour traverser des moments plus durs. Cette intervenante a rallumé la passion que j’ai pour la création et je lui serai à jamais reconnaissant car elle a vu mon talent et elle m’a encouragé au bon moment pour m’inciter à  me rattacher à la musique.

 

Heureusement qu’il y a des gens et des intervenants qui ont cru que je pourrais m’en sortir car trop de gens souffrant de maladie mentale sont laissés à eux même. À force de me faire aider, j’ai commencé à croire que je pourrais m’en sortir. Sans cette aide, je serais devenu comme tous les laisser-pour-compte qui sont encore plus isolés et stigmatisés par le moule de l'exclusion. Maintenant je sais à quel point c’est dur  pour le peu d’espoir qu’il nous reste quand on n’arrive à ne plus à voir la lumière au bout du tunnel.

 

Je crois qu'il faut qu'on arrête de stigmatiser les gens et de les mettre dans le moule de l’exclusion et de la santé mentale car on a beaucoup à apprendre d’eux pour plusieurs raisons. Une fleur, quand tu lui donnes du soleil, elle finit par faire des fruits.  Mais si on stigmatise des personnes qui souffrent de santé mentale et qu’on leur éclipse la lumière, iIs ne verront jamais la lumière au bout du tunnel.

 

En 2015, j’ai réalisé de quoi d’important en parlant avec ma pharmacienne. Lors d’un épisode plus dur, elle m’a dit que les traits d'un artiste et d’une personne qui a un problème bipolaire ou dépressif  ont presque toutes les mêmes similitudes. Ça m’a fait réaliser je me suis fait coller une étiquette et c’était celle de la santé mentale. J'ai toujours détesté toutes les étiquettes qui collent à la peau. Lorsque j'ai eu le diagnostic en 2003, je me suis dit que tous mes problèmes étaient causés par mon côté bipolaire et mon anxiété. Je suis heureux qu’elle m’ait fait réaliser que j'ai mis toutes les fautes de mes problèmes sur cette maladie. Je me rends compte que je me suis simplement déresponsabiliser à certains niveaux au lieu de comprendre les vrais mécanismes qui avaient fait de moi cet être qui est souvent à fleur de peau. La plupart des artistes sont des éternels grands sensibles et y’en a une bonne gang qui sont de grands angoissés. Cette discussion avec la pharmacienne m’a fait un bien fou. Les artistes ont souvent été mis en marge de la société. Ce qui ne les empêchaient pas d’être conscients des réalités de leur époque. Les meilleurs ont été les miroirs de leur génération en reflétant ce qui passait autour d’eux et en le magnifiant à travers leur arts.

 

Durant cette période, j’ai trouvé la source de tous mes problèmes grâce à l’une des meilleurs thérapeutes que j’ai eue. Le problème était au niveau de la confiance en moi.  Durant l’un des plus beaux étés de ma vie, je me suis analysé quand mes problèmes se manifestaient et pour moi ça été comme faire ma propre analyse. Mes introspections m’ont fait passer d’un pôle à l’autre.

Mes années d’intimidations au primaire

 

Durant cette crise, je me suis replongé à mes premières années à l’école primaire et ça n’a pas été facile de me rappeler cette époque durant laquelle je me suis fait intimider durant toutres ces années.

 

Au primaire j’étais «poche» dans presque toutes les matières, excepté les arts plastiques et la morale où j'excellais. L’école a miné mon existence lors de ma première année et je suis vite senti anormal dès l'âge de 5ans. L’école a été pour moi la principale source de mes problèmes d’anxiété et de confiance en moi. La prof que j’ai eue en première année m’a dit souvent devant les élèves que je n'arriverais à rien dans la vie si je continuais d’être dans la lune. Quand j’avais de la misère à comprendre des trucs, elle me ridiculisait devant la classe. À force de me faire ridiculiser devant tout le monde, cela a influencé les élèves qui ont commencé à faire comme elle. Souvent, ils me disaient que j’allais devenir un déchet de la société et autres injures méchantes. Je faisais souvent semblant d'être malade pour ne pas aller à l'école par peur de l’intimidation. J’avais alors une journée de congé durant ce temps, surtout un temps de congé de ceux qui m’intimidaient. Ça me donnait un break à mon anxiété.

 

Tu commences alors à croire que tu ne ne vaux rien car, à force de se faire peinturer  dans un coin, on finit par développer des problèmes. Surtout quand tu te fais intimider presque à tous les jours durant 7 ans car j’ai doublé ma sixième année. Le problème empira lorsqu’ils se sont mis à me stigmatiser. Ils m'ont collé beaucoup d'étiquettes qui me sont restés dans la tête toute ma vie car ils prenaient un plaisir cruel à taper toujours sur le même clou. L’intimidation a influencé tout ce que j'allais vivre par la suite car ils m'ont fait sentir que j'avais un problème et que je n’étais pas normal.

 

Aujourd’hui, je suis content de ne pas être normal comme Monsieur et Madame Tout le monde car j’ai réalisé que je suis unique. Vous aussi, vous êtes uniques. Mon problème de santé mentale n’existait pas à cette époque mais il s’est développé et a pris de l'ampleur quand j’étais ado au moment où je suis tombé dans l'enfer de la consommation. Je buvais et prenais toutes les sortes de drogues de l'époque et c'était pour moi comme un lubrifiant social qui m’a aidé à avoir une confiance que je n'avais pas. Mais comme j’étais influençable, j’ai fréquenté des gens qui ont été de mauvaises graines pour moi et j’ai fini par arrêter de les fréquenter heureusement mais seulement après de trop longues années.

 

Dès 17 ans, je me suis mis à me tenir avec des marginaux, des punks et des hippies.  Beaucoup d’entre eux étaient artistes et ces amis ont été pour moi comme une grande famille : on a vécu de beaux moments jusqu’à temps que j’arrête de consommer. Au bout du compte, l’abus régulier m’a mené dans un no man’s land où l'anxiété généralisé m’a isolé et ça n'a fait qu'empirer ma situation. La déshumanisante réalité que je vivais a fait en sorte que j'ai pris le chemin sinueux de la drogue et de l'alcool pour aller chercher la confiance en moi qui avait été hypothéqué par 7 années d’intimidation.

 

À 21 ans, j’ai vu une photo de l’époque où j’avais 5 ans et j’ai réalisé, pour la première fois, que j’étais un bel enfant avec un lueur d’émerveillement dans les yeux. Mais à force de me faire intimider, j’ai commencé à croire que j’étais laid. Comme les enfants de la classe faisaient toujours des farces sur mes lunettes, j’ai arrêté de les porter: ça m’a donné encore plus de problèmes d’apprentissage car ma vue était tellement faible que j’en avais besoin tout le temps. Je ne me suis pas aidé en ne les portant pas durant mon jeune âge.

 

Après le primaire, la seule baguette magique que j’ai trouvée pour effacer et oublier tout cette intimidation fut la consommation. Une chance que j’étais passionné par les arts et la culture. Quand je m’achetais des albums de musique, je ne dépensais pas cet argent dans la drogue et l’alcool. Malheureusement entre 14 et 17 ans, j’ai vendu presque toute ma collection que j’avais dans le but de consommer. Par après, j’ai vite compris que je ne ferais plus ça car j’avais besoin de l’abri que me procurait la musique durant ma trop longue descente dans les enfers de la consommation.

 

J’ai alors réussi à affronter à froid le monde et les montagnes russes que me créaient mes problèmes de santé mentale. Je me suis nourri d’arts et de culture. Pour moi, l’art-thérapie été l’écoute de toutes sortes de musique. C’est ce qui m’a toujours aidé durant différentes périodes de ma vie. Je suis mélomane et mes goûts sont assez éclectiques : je m’intéresse à tous les styles et à toutes les époques. La musique est ce que j’aime le plus. Étant curieux, je découvre sans cesse de la musique de la contre-culture de toutes les époques. C’est vital pour moi chaque jour. Ça m’aide à bien des niveaux et les effets secondaires sont POSITIFS. J’ai alors commencé à composer de la musique tout en continuant de découvrir tous les genres musicaux pour m’ouvrir à de nouveaux horizons.

 

L’art-thérapie met un baume sur les plaies de mon côté bipolaire et aide mon anxiété généralisée. En connaissez-vous des médicaments qui réussissent à soigner 15 années de toxicomanie, d’alcoolisme et de dépendance aux drogues dures? Je prends des médicaments depuis 2003 et ça n'a jamais soigné ma santé comme a pu le faire l'art. Dans mon cas, la création a amélioré ma qualité de vie de mes problèmes de santé mentale à bien des niveaux. Plus je m’art-thérapise et moins je vis l'enfer de la dépression. L'art-thérapie a exorcisé bien de mes démons et je sombre de moins en moins dans de graves dépressions. La création a été le dernier refuge pour retrouver mon havre de paix intérieure. C’est comme si je me greffais de la lumière. Avec le plaisir que ça me procure, je réduis les chances de sombrer dans une dépression.  Pendant 10 ans, j'ai réussi à améliorer la qualité de vie de mon problème de santé mentale, de diminuer mon médicament à sa plus petite dose et de cesser 2 autres médicaments.   

 

Lors des 6 premières années de sobriété, je me suis  fixé le but  que l’argent que je dépensais dans les drogues et l’alcool  serait dorénavant  investi dans du matériel pour faire de la musique et de l’art visuel. À l’époque de ma consommation, j’ai réussi à ne pas vendre mes instruments et mon ampli mais j’ai failli les perdre quelques fois au pawn shop. En 2009, j’ai fait un emprunt à mon père et je me suis acheté ce que ça me prenait pour pouvoir me remettre à la création et refaire les fondations de ma vie qui étaient rendus un champ de ruine. Depuis mon enfance j’ai toujours créé. Entre 12 ans et 18 ans j’ai découvert plein d’artistes. Comme je suis curieux de nature, je découvrais le monde des poètes maudits et des artistes de la contre-culture qui ont marqué chaque génération. J’étais fasciné par les artistes qui ont marqué l’histoire. Je me suis dit naïvement que la drogue allait m’ouvrir, à moi aussi, les portes de la perception et que j’aurais des idées en poésie, en arts visuels et en musique. Aujourd’hui, je peux vous dire que mes flashs les plus fous, je les ai eu à jeun. Depuis longtemps les médias ont toujours véhiculé et auréolé ces mythes autour de la création due aux drogues. Depuis que je suis sobre, j’ai réalisé que ce mythe est faux. En parlant à des amis qui ont cessé de consommer, eux aussi me disent que depuis qu’ils sont sobres, ils créent bien plus qu’avant et leurs projets deviennent plus concrets et professionnels. Trey Spruance un artiste que j’aime bien a dit que «la création, c’est organiser son chaos».   

 

Autour de 2004-2005, j’ai eu ma plus grande surprise en regardant Télé-Québec… Il y avait eu un concours littéraire pour la nouvelle génération,  le premier ministre Bernard Landry en a fait la préface.  Il fallait soumettre un poème… Un dimanche soir à la fin du concours, les animateurs parlent des textes qui les ont impressionnés et, surprise totale en direct, ils lisent mon texte en ondes avec une critique enthousiaste.. C’était la première fois de ma vie que je recevais une reconnaissance publique dans un média, moi qui manquait totalement de confiance en moi.

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J’ai eu quelques petites victoires artistiques qui ont alimenté cette flamme de création qui m’habite. Ces victoires m’ont aidé à continuer de créer et à rester sobre au point que j’aimerais le rester jusqu’à la fin de mes jours.

 

Pour faire une histoire courte, en 2009, j’ai envoyé un démo à la radio de Radio-Canada et ils ont sélectionné  plusieurs  créations musicales pour les diffuser dans la défunte émission «Bande à part». La musique que j’ai faite par la suite a été diffusée dans cette radio de la contre- culture et ça m’a donné des droits d’auteur. Cette petite tape derrière l’épaule a été la flamme qui m’a allumé pour mes futurs projets. Par la suite, j’ai eu d’autres belles réet la fierté que j’avais perdue. En 2015, une des musiques que j’ai créée a été sélectionnée pour une auto-publicité de 60s sur les ondes de TVA Sports rendant hommage à de célèbres sportifs.

 

Par la suite, Soproq m’a appris que mes tounes jouaient sur une radio satellite aux États-Unis. Ma dernière réussite fut en 2016 où j’ai été invité à la Grande nuit de la poésie à St-Venant. J’ai vécu de quoi de magique et j’ai été réinvité en 2018.

Je suis fier de ces aboutissements mais, au cours de ma vie, j’ai rencontré toutes sortes de snobs qui me demandaient ce que je faisais dans la vie. Quand je leur disais que j’étais un artiste, je passais pour un téteux de subventions qui vit au crochet de l’État. Dans la pièce de Robert Lepage,«Les aiguilles et l'opium», avec des textes de Jean Cocteau écrit dans les année 30 ou 40. Il disait qu’un jour, on empêchera les hommes de rêver. Je crois que sa prophétie s’est réalisée de la façon dont on traite les artistes avant-gardistes. Aujourd’hui, on gèle toute une génération avec des psychostimulants au lieu de miser sur leur champ de compétences et leur plein potentiel. Une grande majorité de ceux à qui on colle l'étiquette du TDAH ont des talents artistiques très impressionnants pour leur âge et on n'encourage pas cela souvent. De nos jours, on forme de moins en moins de gens qui ont une culture générale. Tout est conçu pour que l’on réfléchisse le moins possible. Les écoles forment plus de la main-d'œuvre pour les intérêts de ceux qui nous dirigent. Aux gens qui chialent contre les artistes, je leur signale que leur vie serait assez ennuyeuse sans tous ces créateurs qui les font rêver et oublier les problèmes de leur quotidien.

 

Aujourd’hui, je connais mon potentiel, peut-être pas totalement, mais je sais que l’art m’a fait connaître d’autres réussites. Depuis la fin de 2016, je suis rendu un travailleur autonome comme artiste multidisciplinaire. En 10 ans de sobriété, je n’ai eu que 2 années et demie qui ont été très durs et ce n’est pas parce que j’ai eu envie de consommer. En 2015, je me suis rendu compte que l’art-thérapie m’a aidé durant les 6 premières années au point que je pensais que c’était ma seule bouée de sauvetage pour m’aider. Mais vers la fin de 2015.  j’ai vécu de quoi qui allait mettre ma résilience  à dure épreuve. À cette époque, mon équilibre mental était très fragile car il y avait beaucoup de trucs durs à affronter à froid. J’étais content car je n’avais pas envie de consommer. À force d’essayer de faire mon superman dans toutes les sphères de ma vie, j’ai fini par perdre mon équilibre déjà carencé à certains niveaux. Durant presque un an, j’ai été en réajustement de médications. Heureusement j’ai appris à mettre en pratique plein d’outils thérapeutiques. Je pensais être à l’abris d’une dépression majeure à cause que je ne consommais plus et ça m’a donné une autre leçon de vie. À cette époque, j’ai réalisé que j’avais négligé certaines sphères de ma vie et que je devais maintenant organiser ce chaos intérieur qui régnait dans certaines sphères de ma vie. Ça été une période très dure mais heureusement, je suis arrivé à utiliser les outils thérapeutiques que j’ai acquis. Je me suis donc attaqué à plusieurs problèmes pour aller jusqu’à leurs racines. À cette époque, j’ai vécu en même temps une crise de la quarantaine précoce à partir de 36 ans. Le genre de crise qui nous fait faire des bilans de notre vie. J’ai réalisé la chance que j’avais malgré tous les problèmes que j’ai eus et ceux que je me suis créé. À cause de la consommation, j'ai presque tout perdu.  Heureusement, ma famille n’a pas coupé les ponts avec moi car ils auraient pu.

Je réalise aujourd’hui que j’ai bien fait de me choisir et d’investir en mon plein potentiel. Je me rappellerai toujours de ma première crise de panique en 1997 après un très  gros party et j’ai eu la peur de ma vie avec un lendemain de veille insoutenable.  Avec le recul, je réalise à quel point je suis chanceux car j’ai fait la fête pendant 15 ans et, depuis que je ne consomme plus, je réalise que je suis encore en vie : je pourrais être légume ou avoir une cirrhose ou plein d’autres problèmes.

 

À chaque fois que je vois d’anciens amis avec qui j’ai fait le party, je réalise encore plus à quel point que le corps humain est fait fort car ces gens ont continué à faire le party et je m’étonne toujours de voir qu’ils n’ont pas de problème de santé ou qu’ils ne sont pas morts.

 

Vers le début de 2016, je ne comprenais pas tout ce qui m’arrivait.   Même si je ne consommais plus, je me sentais en dépression comme les dernières années de consommation. J’ai eu peur de revenir à cette époque mais heureusement je savais que je ne pouvais plus jamais consommer de ma vie. Durant cette période, je faisais des introspections positives et je me suis rappelé des trucs négatifs et positifs. Dans ces moments, on a plus tendance à focusser sur le négatif à un tel point que ça éclipse tout ce qui a de positif en nous.

 

Quand on fait de l’anxiété généralisé, on n’a pas le goût de prendre des bains de foule. Parfois, ce mal invisible est si omniprésent dans notre vie qu’on a le goût de fuir en évitant tous les trucs qui sont anxiogènes. Aujourd’hui, je ne me laisse plus paralyser comme ce fut le cas lors mes dernières années de consommation.  En 2016, j’étais tenté de m’isoler et j’ai téléphoné à une intervenante que je peux appeler quand je vis plus anxiété.  Ça faisait longtemps que je ne lui avais pas parlé. Elle m’a fait réaliser tout le chemin que j’avais fait depuis le début de ma thérapie jusqu’à aujourd’hui. Elle m’a dit : «Te rends-tu compte que tu as réalisé  l’un de tes rêves que tu me parlais lors de nos premières rencontres. Te rappelle-tu quand tu as commencé ta thérapie, tu rêvais de refaire de la scène pour faire des shows, pour recommencer à faire des vernissages et tu rêvais de lire tes poèmes devant un public. À l’époque, ça te semblait impossible à cause de cette anxiété qui paralysait plusieurs sphères de ta vie.» Quand elle m’a dit ça, j’ai réalisé que j’avais réalisé ce rêve quand mon pot David Goudreault m’a invité à participer à la Grande Nuit de la poésie de 2016 pour y lire 2 de mes poèmes. C’est là que je me suis rendu compte, lorsque j’ai commencé ma thérapie pour l’anxiété, que j’étais complètement paralysé par ce mal invisible.  J’avais de la misère à passer plus de 15 minutes avec cette thérapeute car je vivais une telle anxiété que j’avais de la misère d’en parler. À chaque fois qu’elle essayait de me faire identifier tous les moments durant lesquels j’en ressentais et le fait de parler de tout ce que ça me faisait dans ma vie me rendait juste plus anxieux. C’était très dur de passer plus de 15 minutes qui me semblait interminable. Quand elle m’a parlé de cette période, elle m’a fait réalisé que j’étais capable d’aller maintenant de lire mes poèmes devant un public et de refaire des vernissages sans avoir besoin d’alcool pour être bien dans le public. Elle a raison :et elle m’a fait réaliser une partie du travail que j’ai fait sur moi- même.

 

Pour me sortir de cette dépression, j’ai vite réalisé qu’il était vital de retrouver l’équilibre dans toutes les sphères de ma vie. Je sentais, qu’une fois de plus, ma voix intérieure allait me dire quoi faire. Une journée que j’étais réceptif, elle m’a dit de donner au suivant. Par la suite, j’ai réalisé que j’avais été chanceux d’avoir reçu de l’aide en thérapie et qu’ll fallait que j’utilise les outils thérapeutiques que j’ai acquis pour faire de la sensibilisation en donnant des conférences pour témoigner de ce que les arts ont fait pour vaincre ma toxicomanie, soigner mes problèmes de santé mentale et d’anxiété. Par la suite, j’ai contacté des intervenants qui m’ont aidé afin de commencer à semer pour réaliser ce nouvel objectif. J’ai réalisé que je devais faire des témoignages et des conférences car j’ai été moi aussi dans les bas-fonds de l’abîme.  Je me suis donc donné ce nouveau but à réaliser pour donner au suivant pour montrer à d’autres que c’est possible de changer de A à Z une vie pour améliorer sa qualité de vie.

 

En 2018, j'ai commencé à m'impliquer avec des profs de l’Université de Sherbrooke et leurs étudiants, de futurs travailleurs sociaux.Je «tripe raide». Je suis devenu en quelque sorte une sorte d’expert-usager. C’est un grand bonheur de participer à la formation des étudiants en travail social. J'ai commencé avec le projet baromètre et les étudiant(es) que j'ai évalués ont aimé mon parcours. Cela me fait grandir en tant qu'humain et me fait du bien de donner au suivant. Ce fut l’une des plus belles expériences que j’ai vécues cette année-là. Le croisement des savoirs, c'est génial.  Ce fut très enrichissant de rencontrer des gens de différents horizons. Ça m’a permis de mettre mon grain de sel avec eux grâce à mon expérience d’expert-usager. Je suis content car cela m’a rajouté des cordes à mon arc en touchant à des sujets qui me passionnent par rapport à la santé mentale et à l'humain.

 

J'ai aussi commencé à m'impliquer dans 3 comités et cela m’a ouvert d'autres portes. Comme j'ai acquis plusieurs outils thérapeutiques, mon expérience peut aider un peu à faire avancer les choses en travail social. Bref ces nouveaux projets m’ont fait grandir en tant que personne. Depuis que je m’implique, il y a des portes qui s’ouvrent pour donner des conférences aux étudiants. C’est stimulant de rencontrer des gens passionnés qui ont à cœur de bâtir un monde meilleur. Le fait de donner au suivant me fait un bien fou comme les arts et la création.  Dans les moments plus durs, ça me permet de jouir de la vie. Heureusement, les interstices de ma maladie qui me déconnectent du moment présent deviennent de plus en plus rares. Je dois quand même rester vigilant pour maintenir mon équilibre.  C’est rendu un mantra pour moi.

 

En janvier 2019   j’ai commencer un cours  à l’université qui est unique en Amérique  et pour moi c'est un rêve de plus qui se réalise. Je vais avoir 40 ans en avril et je me suis rendu compte que comme j'ai été à l'École de la vie y'a beaucoup de trucs qui vont me servir dans mon cours. Le groupe est vraiment le fun et on a des profs géniaux et je suis content de faire partie de se cours  qui va m'inspirer dans les arts que je pratique. J'ai le cours de mes rêves à l'université et en parlant à une prof je me rend compte une fois de plus que les possibilités sont infinis. C'est le fun car ça va me permettre de relié ça ce que je fais en création. En création j'ai toujours aimé quand les possibilités sont infinis car c'est le terrain de jeux que j'aime le plus. J'adore car comme ça gravite autour du travaille social je vais pouvoir mettre mon grain de sel dans la formation des futurs travailleurs sociaux et c'est le fun car mon vécut me permet de donner au suivant ! l est jamais trop tard pour faire un retour au études !

 

Hier je suis allé faire un brainstorm avec les profs, les experts usagers et avec 2 étudiantes en travail social. C'est stimulant de participer à un projet unique au monde qui est vraiment original à l'Université avec cette équipe de passionnés avec qui je m'implique pour faire avancer des projets vers de nouveaux horizons. C'est un plaisir de participer à tous ces laboratoires d'idées où de nouvelles voix originales font avancer le savoir.

 

J’ai reçu une belle grosse dose d'amour de mes amis et collègues avec qui je m'implique dans un comité au CIUSSS de l'Estrie. Aujourd'hui je rencontrais des travailleurs sociaux qui sont en train de créer plein d'affaires pour le projet Baromètre avec lequel je me suis impliqué de différentes façon depuis l'hiver dernier. Quand j'ai donné mon nom afin de m'impliquer avec le volet qui s'occupe des dépendances, je rêvais de m'impliquer du côté créatif et artistique et aussi que je puisse faire un témoignage auprès des gens qui vont dans ce centre qui aide les toxicomanes. C’est ce qui va arriver. J'ai fréquenté ce centre pour mes deuxièmes et troisièmes désintoxes et j'ai été suivi par un psychologue qui a cru en moi et ça fait toute la différence. Aujourd'hui c'est à mon tour de mettre l’épaule à la roue dans mes champs de compétences, si minimes soient-ils. J’ai été très ému quand les travailleurs sociaux ont présenté le projet au comité pour faire un brainstorm avec le comité dans lequel je m'impliqué. Mes amis et collègues ont dit que je serais la personne parfaite pour présenter cet outil thérapeutique auprès des toxicomanes.

 

En ce moment, je suis sur un nuage. Ça fait du bien d’entendre des propos positifs et constructifs. Ça va être stimulant de donner au suivant et de m'impliquer dans ce nouveau projet qui me tient à cœur. On va avoir une belle équipe avec qui travailler !

 

Ce qui m’aide aussi, c’est d’avoir augmenté le temps pour faire des marches rapides. J’essaie de continuer à prendre le même nombre d’heures de marche durant toutes les saisons.  Comme on manque de lumière en hiver, la marche rapide m’aide à moins sombrer dans des états dépressifs.  Y’en a qui font de la luminothérapie mais je préfère faire de l’exercice à l’extérieur car la nature est la meilleure source d’énergie.

Depuis que j'ai trouvé la source de mon problème, je travaille sur ma matière brute pour reprogrammer toutes les distorsions cognitives dont j'ai été l’artisan. Si vous avez la chance de faire une thérapie, je vous la conseille car ça aide à aller à la source de bien des problèmes. Mon expérience m’a démontré que ça aide bien plus que n'importe quelles pilules dont la majorité ne soignent pas les bobos. Elles sont souvent des «plasters» qu'on met sur nos bobos.  Souvent elles créent d'autres problèmes de santé qui peuvent être plus graves. Moi j'ai fait une thérapie pour la toxicomanie et une pour l'anxiété. Pour celle de l'anxiété j'ai eu la chance de tomber sur une intervenante qui fut la meilleure des psys que j'ai vues dans ma vie. Dans le communautaire, on a des experts qui peuvent changer votre vie de A à Z.

 

Un dernier conseil. Quand on fait une thérapie, c'est important de se dire que ça va être la dernière et qu'on décide de s'investir à 100% pour trouver la source d'un problème.  SI plus de gens faisaient une thérapie, le monde irait peut-être mieux! Mais le pharmaceutique perdrait pas mal d'argent.!

 

De nos jours, beaucoup trop de médecins prescrivent des ordonnances lors de la première consultation alors qu’elle ne vit qu’un épisode passager de fatigue à cause du mode de vie métro, boulot dodo. Ce n’est pas en 15 minutes qu’on peut évaluer une personne. À force de sur-médicamenter n’importe qui, on ouvre des boîtes de Pandore qui vont créer d’autres problèmes de santé. Si on écoutait les médecins, une grande majorité des gens auraient un TDH ou un TDAH ou souffriraient de dépression. Il faudrait d’abord regarder notre mode de vie actuel et le fait qu’on vit dans un monde qui a de plus en plus de stimulus et de responsabilités. C’est normal que notre concentration ne soit pas optimale ou qu’on ait des épisodes dépressifs avec les vies de fous que l’on mène.

 

En 2016, j’ai vu une travailleuse sociale qui m’a aidé dans le passé dans une période où j’étais au fond du baril. Elle était heureuse de voir le travail de fou que j’ai fait pour changer ma vie.  Elle m’a alors dit de quoi qui m’a marqué. En 20 ans de carrière, j'ai été le seul de ses clients qui a vaincu sa toxicomanie (et elle en a vu des histoires de toutes les sortes). Comme je le disais dans mon premier coming-out, il y a juste 5 % (vérifie le % ) des toxicomanes qui réussissent à vaincre leur problème. Je me compte privilégié que la Vie ait mis ce genre de personnes sur mon chemin sans quoi j’aurais fait naufrage.

 

Question santé, je me suis vite rendu compte que je devais espacer mes futurs projets artistiques dans l'espace-temps sur de longues périodes. Comme j'ai un côté compulsif, la création est comme une drogue pour moi. Ses effets secondaires sont positifs à 80 %. Mais je vais devoir doser à l'avenir pour le 20 % négatif.  Avec le temps je vais pouvoir laisser mûrir mes idées et elles vont fructifier. Comme me disait toujours mon père, il faut un temps de jachère en création. La jachère est un terme d’agriculture où laisse la terre se reposer entre les récoltes.

 

Au fil du temps, ce que l’on vit nous fait voir des trucs de la vie sous un nouvel angle.  Plume Latraverse a déjà dit (citation +-exacte) que le bassin de l’imaginaire se vide et se remplit. Aujourd’hui, quand j’ai le syndrome de la page blanche je sais que mon inspiration est toujours en train de mijoter.  Ce que je vis et la culture que je consomme va influencer mes créations futures comme toujours elle l’a fait au cours de ma vie.

 

Je profite de mon dix ans d’abstinence pour dire un gros MERCI aux artistes dont j'ai écoutés la musique et leur poésie, à ceux et celles que j’ai lus, à leurs expositions et leurs vernissages ainsi qu’à ceux et celles qui font des films et des séries : je leur dit «Merci»  car  ils sont comme des cannes blanches dans ma vie. À chaque fois que je vais moins bien, ils me redonnent une colonne vertébrale. En me nourrissant de la vaste culture éclectique que je consomme de façon compulsive, je tiens à dire que leurs œuvres m’ont souvent servi de guide dans le désert que j’ai traversé.  Quand je les écoute en entrevues, leurs précieux conseils sont souvent comme une sorte de GPS spirituel qui me font revoir la lumière au bout du tunnel.

 

Ce coming-out n’est que la pointe de l’iceberg car je me garde un jardin secret. Dans 5 ans, je vais en faire un nouveau compte-rendu de ma vie pour témoigner de mon évolution et démontrer que la théorie de l’évolution existe aussi pour les toxicomanes qui essaient de changer leur vie en s’art-thérapeutisant.

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Ce que j'aurais voulu savoir avant de prendre des anti-dépresseurs
par Florianne Phillipe-Beauchamp

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J’ai écrit, illustré, produit et auto-publié Ce que j’aurais voulu savoir avant de prendre des antidépresseurs dans les mois suivant mon sevrage de médicaments psychotropes en 2016, comblant un besoin criant de partager mes connaissances des affres de la médication psychiatrique avec l’intention de soutenir d’autres personnes dans leur autonomie corporelle et médicale. Mon zine a reçu beaucoup d’intérêt du public et a été finaliste pour le prix Expozine 2016 dans la catégorie Meilleur zine en français.

Je ne l’avais jamais mis en ligne pour deux raisons : j’avais mis beaucoup d’amour et d’effort dans ce zine comme objet en soi, et j’aime beaucoup sa matérialité. En plus, j’ai travaillé de manière inconstante sur une prochaine édition du livre dans les dernières années, et j’avais hâte de partager tout ce que j’ai appris depuis sa première publication. Cette réécriture est devenu un projet de livre beaucoup plus complet que j’ai toujours l’intention de terminer un jour, dans plusieurs années, quand ma carrière en danse et en éducation sexuelle somatique seront moins une priorité.

Le moment est venu de partager librement ce document, un morceau de moi très précieux. Six ans après mon sevrage d’antidépresseurs, je suis vivement impressionné.e par mon désir de mieux-être tellement radical qui m’a poussé.e à changer ma vie, et par mon courage d’avoir partagé mon expérience. Je continue à désapprendre le perfectionnisme et vous offre ce zine qui serait différent si je le publiais aujourd’hui.

Si vous avez envie et la possibilité de contribuer, j’accepte chaleureusement les dons de n’importe quel montant à paypal.me/floriannepb.

Téléchargez le zine ici

Un peu sur Florianne...

Mon processus créatif et éducatif se concentre sur la sensualité comme vecteur de transformation personnelle et sociale. Je suis un.e danseur.se trans genderqueer, pansexuel.le, artiste de performance, éducateur.trice en sexualités et je suis en voie de certification en tant qu’éducateur.trice sexuel.le somatique et Sexological Bodyworker.

Visitez son site web: http://burbiculo.com/fr/

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