POUR Y VOIR PLUS CLAIR
À ce jour, aucune recherche n’a toutefois permis de valider avec certitude l’hypothèse du déséquilibre chimique, pas plus que l’on a réussi à démontrer que les médicaments psychotropes viennent « corriger » un tel déséquilibre dans le cerveau.
L’hypothèse du
déséquilibre chimique
Dès sa naissance, la psychiatrie a cherché à déterminer l’origine de ce qu’elle définit comme des “troubles mentaux”, en proposant différentes explications ou hypothèses pour expliquer ces derniers. Parmi ces hypothèses, plusieurs ont attribué un rôle majeur à la biologie, au corps ou au cerveau.
C’est le cas de l'hypothèse du déséquilibre biochimique, qui fait beaucoup parler d’elle depuis les années 1960. Cette hypothèse suggère que certains états identifiés par la psychiatrie comme des troubles psychiatriques sont la manifestation du déséquilibre d’une substance chimique dans le cerveau. Depuis, plusieurs recherches ont mis l’accent sur une substance en particulier : les neurotransmetteurs.
Un exemple de la théorie du déséquilibre chimique explique ainsi que la dépression résulterait d’un manque de sérotonine. De la même manière, certains psychiatres ont postulé par le passé que la schizophrénie relève d’un déséquilibre de la quantité de dopamine dans le cerveau.
C’est principalement sur cette théorie que s’appuie l’usage des médicaments psychotropes : le médicament viendrait corriger le manque ou le surplus d’une substance chimique dans le cerveau. Par exemple, dans le cas de la dépression, la théorie biochimique suggère que les antidépresseurs viennent « corriger » ou « rééquilibrer » le taux de sérotonine. Cela permettrait un meilleur fonctionnement du cerveau et, par conséquent, de la personne.
À ce jour, aucune recherche n’a permis de valider avec certitude l’hypothèse du déséquilibre chimique, pas plus que l’on a réussi à démontrer que les médicaments psychotropes viennent « corriger » un tel déséquilibre dans le cerveau. C’est d’ailleurs pourquoi il n’existe pas de test « objectif » (test sanguin, génétique, imagerie médicale, etc) pour les diagnostics en santé mentale.
Modèles du mécanisme d’action des psychotropes
Comme on l’a vu avec l’hypothèse du déséquilibre biochimique, c’est souvent à partir de celle-ci qu’on explique l’usage des médicaments en psychiatrie et en médecine : on suggère que le médicament vient corriger le manque ou le surplus d’une substance chimique dans le cerveau. Par exemple, dans le cas de la dépression, la théorie biochimique suggère que les antidépresseurs pourraient « corriger » ou « rééquilibrer » le taux de sérotonine. Cela permettrait un meilleur fonctionnement du cerveau et, par conséquent, de la personne.
Cette manière de comprendre l’usage des médicaments correspond selon Joanna Moncrieff à ce qu’elle appelle le « modèle basé sur la maladie » . Dans ce type d’explication, on suggère que le médicament vient corriger ce qui causerait la “maladie”, comme le fait par exemple l’insuline pour le diabète.
Pourtant, comme il n’existe pas de preuve d’une base biologique pour les diagnostics en santé mentale, Joanna Moncrieff suggère plutôt de comprendre l’effet du médicament en fonction d’un modèle qu’elle nomme le modèle basé sur la drogue. D’après ce modèle, le médicament ne fait pas effet parce qu’il agirait sur une « maladie » , mais plutôt parce qu’il modifie le fonctionnement du cerveau en général, un peu comme le ferait par exemple l’alcool.
Effectivement, l’’alcool est utilisé par certain.es pour lutter contre l’anxiété sociale. Pourtant, l’alcool n’a pas de cible « anxiété sociale » spécifique dans le cerveau. On ne dira pas que l’alcool est un médicament pour guérir l’anxiété. Malgré cela, il altère le fonctionnement du corps et du cerveau dans son ensemble, et c’est cette altération qui peut aider certaines personnes à lutter contre l’anxiété sociale.
Ce tableau présente les deux modèles du mécanisme d’action des médicaments psychotropes proposés par Joanna Moncrieff.